La saison de l'Isère

"Pour une amourette qui passait par là, j'ai perdu la tête" ... mais me revoilà !

 

Pour d'obscures raisons que je ne comprends plus moi-même maintenant que je t'ai revue, je t'ai délaissée toi ma rivière préférée de mi-août à la fermeture¹. Tous les ans j'arpente tes rives de galets à la recherche du Graal dans tes eaux limpides². Mais peu importe le mythe, c'est la quête qui est belle³ : quel bonheur de parcourir les plis de ta robe cristalline quand le soleil la rendant encore plus transparente dévoile les secrets qui s'y cachent⁴ ! C'est avec délectation que j'ai à nouveau fait caresser ta peau à mes petites poussières de plume⁵ ...  C'est avec délectation que j'ai déposé des baisers vaporeux aux courbes de ton corps⁶,  avant d'enfin parcourir les profondeurs du creux de ton ventre⁷  ...  C'est avec délectation que j'ai reçu comme des offrande les  signes de ta générosité et de ton opulence pour te les rendre comme des trésors dont je ne suis pas digne⁸ ...  

Mais qu'est-ce qui m'a pris de m'amouracher de ces petites sauvageonnes dont les atours sont certes charmants et qui m’ont procuré bien de ces petits plaisirs  fugitifs mais tellement conventionnels ⁹ ? Alors qu’à deux pas, tu étais là, avec ta beauté à la fois simple et majestueuse, tes lignes si pures et tellement mystérieuses, ta personnalité en apparence hermétique cachant pourtant l’inégalable opulence d’une richesse luxuriante ¹⁰.  

Je suis revenu, tu m’as accueilli, sans exubérance  , mais le peu que tu m’as donné pour nos retrouvailles a déjà suffit à me faire oublier les aventures d’hier et le tumulte qui t’entoure¹¹.  L’espoir  que tu m’ouvres à nouveau tes bras et ton cœur en grands obsède mon esprit ; je reviendrai, demain, après-demain, tous les jours jusqu’à la mort ¹² !

 

TRADUCTION :

1 : J’sais pas c’qui m’a pris, d’habitude j’y vais dés que possible dés mi-août.

2 : je cherche la grosse truite, le gros ombre pour péter mes records.

3 : mais même si je ne les prends pas, je sais que là j’ai vraiment des chances.

4 : avec l’eau si claire et le soleil, si y’a une totoche t’es obligé de la voir.

5 : j’ai pêché en sèche.

6 : j’ai fait les bordures en petite nymphe.

7 : et fait les veines avec des grosses billes en tungstène.

8 : donc, j’ai pris quelques poissons toujours aussi combatifs que j’ai tous relâchés (faut être tapé pour manger des poissons de l’Isère !).

9 : pourquoi j’suis allé dans les coins perdus magnifiques du Chéran et du Guiers, pour prendre des riquettes de 25/30 ?

10 : L’Isère c’est tout droit entre les digues mais ça impose le respect, ça pousse fort dans les courants, même sur les plats tu traverses pas où tu veux mais où tu peux, sur les plats souvent tu vois rien, tu crois qu’y a rien et ½ h après t’as dix poissons qui gobent là.

11 : J’y suis allé samedi toute l’après-midi, je me suis régalé tellement l’eau était belle, comme d’habitude j’ai complètement occulté le bruit de l’autoroute et de la nationale j’ai pris 2-3 jolis poissons, pas comme dans les autres rivières du coin, mais c’était pas si facile que ça même difficile en 2eme partie d’après-midi.

12 : Faut que j’y retourne pour faire une grosse totoche ou un beau goret (54 à battre !), je vais profiter de l’été indien jusqu’à la mort (la fermeture le 9/10/2011, fait ch…).